Historique

Le soin des malades mentaux en Vaucluse avant 1840

 

Les malades mentaux jusqu’à la fin du XVIIe siècle étaient recueillis ou emprisonnés dans les hôpitaux généraux. Ils y étaient enfermés, soit dans des cellules spéciales, soit dans les mêmes locaux que les prisonniers où ils étaient soignés par une confrérie de Pénitents. La confrérie des Pénitents Noirs de la Miséricorde, érigée en 1595 à Avignon, avait comme mission de soigner et secourir les prisonniers, d’accompagner les criminels condamnés à mort jusqu’au lieu du supplice et d’ensevelir leur cadavre.

C’est le 16 septembre 1681 que le vicelégat Nicolini va créer la « maison des Insensés » à Avignon. Cette maison est dirigée par les Pénitents de la Miséricorde. Elle est située dans la Tour de l’Auditeur, il y a là, à la fin du XVIIe siècle, entre douze et quinze malades.

C’est en 1741, avec la création d’une nouvelle aile de bâtiment comprenant huit nouvelles cellules et une salle à baigner, financée par les états provinciaux du Comtat Venaissin, que l’asile commence à recevoir en plus des malades de la ville, ceux du Comtat Venaissin. L’asile provincial d’Insensés prend forme, sous la direction du Docteur Manne.

En 1779, une nouvelle aile est construite pour séparer les hommes des femmes. Il y a désormais seize loges pour les hommes et dix-huit pour les femmes. Chaque aile possède une cour et des bains, on y trouve aussi une galerie et des salles communes pour les malades. Il y a là, à la fin du XVIIIe siècle, environ soixante-dix malades.
Avec la Révolution, l’hospice est confié à une administration civile et gratuite.

En 1819, « l’hospice et pensionnat des Insensés » prend le nom de « Maison royale de santé de la ville d’Avignon ». « Depuis longtemps, la Maison de Santé sent le besoin de se transporter hors l’enceinte des murs d’Avignon pour procurer à ses pensionnaires l’air, l’aspect de la campagne et surtout le travail agricole, signalé comme l’un des remèdes les plus efficaces contre l’aliénation mentale » (circulaire du préfet de Vaucluse en 1838).

 

Le centre hospitalier de Montfavet après 1839

 

L’ordonnance du 21 septembre 1839 autorise la Maison de Santé à acquérir la principale partie du domaine de Montdevergues à Montfavet, c’est en 1844 que les trente premiers malades hommes vont arriver.

De 1856 à 1862, les nouveaux bâtiments de l’asile vont être construits. Le plan d’ensemble est semi-circulaire avec des pavillons rayonnants composées des services administratifs, et de part et d’autre, les pavillons, d’un côté pour les hommes et de l’autre pour les femmes. Le bâtiment d’origine est prévu pour «400 malades convalescents, en traitement, épileptiques, agités, pensionnaires, idiots, imbéciles et malpropres ». Les constructions nécessaires aux pavillons du directeur, du médecin, du concierge, de la buanderie, de la chapelle, du dépôt des morts complètent cet ensemble.

En 1862, l’ancienne maison de santé est abandonnée et sur son emplacement est édifiée la Maison d’Arrêt d’Avignon. Il ne reste comme témoignage de cette époque que la chapelle des Pénitents Noirs.
L’hôpital va acquérir les domaines de Bel Air et de Sainte Catherine pour le travail des champs. Dès sa construction, l’asile de Montdevergues est une référence, « un des plus bels établissements d’Europe » selon Ferrus. Mais l’hôpital se remplit très vite, il y a 750 malades en 1869, 1 077 en 1881 et 1 564 en 1901.

Un nouvel agrandissement est réalisé en 1924 avec l’achat de la partie est du domaine de Montdevergues, domaine de 23 hectares sur lequel se trouvent les ruines du château du XIIe siècle du même nom, au sommet de la colline.

En 1943, le Département, pour aider l’hôpital à faire face à ses problèmes d’approvisionnement, a mis à sa disposition la ferme de Saint Gabriel avec son domaine cultivable de 5,6 hectares. Ces terrains ont ensuite été utilisés dans le cadre du travail thérapeutique en milieu rural. Y sont installées aujourd’hui plusieurs structures de soins.

La structure des bâtiments va rester la même jusqu’à nos jours. Et, même si les bâtiments ont souvent été réaménagés, modernisés et réadaptés à la psychiatrie moderne avec des méthodes de soins qui ont énormément évolué, il reste aujourd’hui encore des traces de la vie passée : anciennes cellules d’isolement, camisoles de force, uniformes de gardien, trousseaux de clés… volontairement conservés par le Centre Hospitalier de Montfavet, notamment dans son musée, pour garder un témoignage de l’histoire de Montdevergues.