De tous les combats menés durant sa carrière d’artiste, Camille Claudel est attachée à la rigueur du métier.
Toutefois, son absolutisme et son effronterie pour s’émanciper l’amènent à faire des choix et à s’engager dans la spirale de luttes, provoquant son aliénation.
Dans cet hommage renouvelé et dans ce lieu symbolique où Camille Claudel a passé les vingt-neuf dernières années de son existence, nous souhaitons à travers ce colloque poursuivre nos réflexions de 2013, en nous axant davantage sur son processus créatif afin d’en cerner les enjeux et la logique. D’une part, nous mesurerons la place de Camille Claudel dans l’art de son époque jusqu’à nos jours, d’autre part, des travaux circonstanciés et précis nous éclaireront sur une question cruciale dans le parcours de l’artiste, à savoir : comment et en quoi la création peut-elle devenir un rempart contre la folie ou une solution pour sublimer un réel à l’œuvre ?
Pour élargir cette réflexion, des psychanalystes et des personnalités du champ philosophique et littéraire s’intéresseront au savoir de l’artiste, en tant qu’il lui permet de traiter un réel qui l’interpelle, le dérange ou le soumet à sa loi. Chaque artiste en fait la démonstration dans son engagement et la singularité de son œuvre. L’œuvre est toujours le lieu où se mêlent et se particularisent l’être de l’artiste, le manque, le vide ou le trou, la perte et une proximité avec le réel.
Au-delà de Camille Claudel, dans la rencontre et le témoignage d’artistes et d’auteurs contemporains qui ont à cœur de serrer au plus près un point irréductible, l’impensable et leurs secrets enfouis, nous parviendrons à saisir ce qui vient précisément se nouer à l’œuvre. Ils nous conduiront, avec leurs constructions imaginaires, fruits de longues gestations et parfois de fulgurances énonciatives, là où un « réel irruptif, bordé parfois, ravageant d’autres fois[1] » est la source de leur élévation en tant qu’artiste. Inlassablement, ils s’y renouvellent ou parfois s’y enlisent, comme ce fut le cas pour Camille Claudel.
En définitive, lors de ces journées, nous nous intéresserons non pas simplement à la folie de Camille Claudel, mais à cette « folie », au sens d’un déchaînement de l’être, du corps ou de la pensée comme essentiel à leur art.
[1] Laurent Ottavi, « avant-propos », in Laetitia Jodeau-Belle et Yohan Trichet
(dir.), Corps et création. Perspectives psychanalytiques, Rennes, PUR, 2019, p.
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